Nabucco dans le contexte de la crise économique
- Rédaction : Etats-Unis » Michigan
Le Michigan Opera Theatre (MOT à Détroit) a inauguré sa saison avec un opéra qui n’avait pas été donné depuis cinquante ans dans cette ville : Nabucco de VERDI.
Dans le contexte économique actuel, cruellement ressenti dans l’ex-capitale de l’automobile, le succès qu’a reçu cet opéra va au-delà de la reconnaissance de la part du public et des critiques de la qualité de cette production.
Comme on le sait sans doute, les orchestres américains sont fortement subventionnés par le secteur privé, à Détroit par les grandes marques de l’industrie automobile comme Ford, General Motors et Chrysler.
Quand, dans son discours habituel de bienvenue, le directeur et fondateur de MOT David DiCHIERA a remercié Ford pour son soutien continu en dépit de la crise actuelle, le public a éclaté en applaudissements enthousiastes et reconnaissants. Il y a quelques mois encore ces mêmes remerciements auraient provoqué une réaction polie de la part du public et de l’orchestre. Nous aurions trouvé cela naturel et même une chose acquise que Ford soutienne l’opéra de Détroit.
Une politique sévère de révision de budget a réduit la production de Nabucco à trois représentations au lieu des cinq habituelles, ce qui a permis de n’engager qu’une distribution et diminuer le nombre de répétitions avec orchestre.
Ce désir intense de survie, bien évidemment partagé par tous, donne une dimension particulière à tout ce que nous vivons en ce moment : une meilleure entente et entraide entre administration et musiciens et une appréciation de ce qui est et qui pourrait disparaître (de nombreux opéras viennent de fermer leurs portes aux US).
Cette lutte, non pas contre les patrons mais avec eux, contre les tourments de l’économie, remet cependant dangereusement en question la notion de contrat et son respect par l’administration, les musiciens faisant maintenant des concessions, inimaginables il y a peu de temps.
Le succès de Nabucco fut en grande partie dû bien sûr à la qualité des représentations mais refléta aussi l’admiration et la gratitude du public et des critiques, qui comme nous musiciens, connaissent la valeur et la fragilité de ce qui les entoure.