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Traditionnel et contemporain, quand les styles se côtoient

Publié par Marie-Cécile BOULARD - Le 15 décembre 2009 @ 21 h 01 min

La musique traditionnelle grecque est un véritable patrimoine culturel et certainement la plus connue de tout étranger de passage.

Lorsque je suis arrivée en Grèce, par manque de connaissances je l’avoue, j’ai catalogué trop rapidement cette musique de « divertissante » à mes oreilles de musicienne classique, pas formées à la musique traditionnelle du pays, faisant aussi la confusion entre les différents styles. Depuis toutes ces années passées ici et le côtoiement quotidien à la culture, je l’ai découverte, apprise puis appréciée.

Comme tout musicien, nous sommes souvent amenés à jouer du répertoire contemporain, et forcément celui des compositeurs nationaux. Naturellement empreints de leur héritage culturel, ils évoquent souvent dans leurs œuvres la musique traditionnelle du pays, que ce soit par la forme rythmique (rythmes mixtes), mais aussi par le caractère mélodique ou encore l’utilisation d’instruments propres à cette musique.

Je me souviens alors d’une de mes premières expériences en la matière, où il me fallait, dans une œuvre de Alexandros MOUZAS, improviser sur un mode grec (dromos). Il ne s’agissait pas pour autant de jouer du clarino (clarinette traditionnelle grecque) et j’en serais bien incapable ! On me parlait de musique de l’Epire, du Dodécanèse… A la première répétition donc, j’ai compris que ce n’était pas du tout gagné et il fallait réagir très vite ! Pour ce faire, je m’empressai de prendre les précieux conseils d’un ami musicien, et écoutai de la musique traditionnelle en boucle, une totale immersion pour bien m’en imprégner. Je ne m’en suis pas « moquée », motivée sans doute par un défi personnel que je m’imposai, puis portée par ce qui s’est avéré être un réel plaisir. Cela m’a valu la reconnaissance de l’auditoire pour cette double « prouesse », l’improvisation et l’exécution par une musicienne française. Quelle fierté ! Sans aller jusqu’à dire que cela a été une révélation, ni prétendre être aujourd’hui une spécialiste chevronnée de la musique traditionnelle grecque, il est évident qu’au fil de mes expériences j’ai l’opportunité de connaître et surtout d’apprécier la richesse de cette musique.

Il s’agissait là d’une expérience extrême, mes « exploits » d’improvisation n’ayant pas été réitérés depuis lors ! Et il faut bien comprendre que l’influence de la musique traditionnelle dans certaines des oeuvres contemporaines est caractérisée à travers l’écriture, se traduisant certes dans l’interprétation, mais ne nécessitant pas pour autant une technique instrumentale spécifique de la part des musiciens « classiques », qui, même s’ils baignent dans cette culture, ne pourraient, de par leur formation, que faire de médiocres imitations. Par contre il n’est pas rare de côtoyer des joueurs de bouzouki, de lyre ou encore de santouri professionnels, pour n’en citer que quelques-uns… Ces instruments ne sont pas uniquement exploités pour leur jeu traditionnel, mais aussi parce que la diversité des sonorités et des techniques qu’ils offrent, associée à celles des instruments classiques, permet de créer des atmosphères tout à fait remarquables.

En outre, des concertos pour instruments traditionnels ont été écrits par différents compositeurs, tels que Ilias PAPADOPOULOS (lyre), Yiorgos HATZIMIHELAKIS (santouri), Kyriakos SFETSAS (clarino), Dimitris DRAGATAKIS (santouri), Theodoros ANTONIOU (bouzouki), etc.

L’horizon musical s’élargit au contact de différentes cultures qu’on ne prend pas toujours la peine d’approfondir, et qui restent très souvent méconnues. 


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