Quelle ne fut ma surprise lorsque, passant en voiture devant l’Opéra quelques semaines avant la reprise des représentations de Don Giovanni, je découvrais sur sa façade une immense bannière vantant les mérites d’une marque de téléphone portable…

Il y a encore quelques temps j’aurais trouvé ça vulgaire, mais cette fois-ci, j’en ai été tout simplement triste, voyant là l’une des nombreuses conséquences de la crise qui frappe notre cher Opéra. Ce contrat publicitaire a-t-il ensuite rapidement expiré ? Sans doute, car quelques jours plus tard, alors que je m’apprêtais à prendre une photo pour illustrer cet article, la bannière avait disparu et l’opéra retrouvé une allure plus artistique et moins mercantile. Mais voilà qu’une autre surprise m’attendait !

A la fin de la première de Don Giovanni de Mozart, notre régisseuse nous conseille de ne rien laisser dans la fosse (alors que nous avions une représentation en matinée le lendemain dimanche), car elle serait démontée pour faire place à une messe qui devait être célébrée ce même dimanche matin ! Je pensais qu’elle plaisantait et elle dut me jurer que c’était la réalité : « Oui, l’Opéra loue la salle à une église ! ». Le décor du dernier acte où Don Juan est envoyé aux enfers pourra inspirer le sermon !

Et en effet, le dimanche suivant, alors que j’étais arrivée particulièrement en avance, je vis sortir de l’Opéra de nombreux groupes d’Afro-Américains, les petits enfants portant des bouquets de roses rouges (c’était le jour de la fête des Mères). C’était la fin du service religieux ! Il faudra se faire à l’idée que notre Opéra est maintenant pluridisciplinaire !

Nous allons maintenant avoir une série de représentations de Tosca. Les paroissiens auront alors le décor idéal avec la petite église de Sant’Andrea della Valle de la première scène de l’opéra de Puccini !