21 nov
2009

Crise et contradictions

La crise économique dans laquelle de nombreux pays se trouvent ne semble pas affecter énormément les Portugais. Certaines mauvaises langues affirment même que le Portugal se trouve en état de crise constante depuis la chute de Salazar. Donc un peu plus ou un peu moins…
Toujours est-il que, en cette période de restrictions budgétaires internationales, le gouvernement portugais vient de mettre en place un dispositif culturel et éducatif sans précédent au niveau national : « o ensino integrado ».
En résumé, ce projet consiste à intégrer l’enseignement de la musique, à travers la pratique instrumentale, dans les écoles d’enseignement général.
Comme on peut facilement l’imaginer, la mise en place d’un tel système a des conséquences humaines, logistiques et financières.
Certains conservatoires ont fermé leurs portes pour aller s’installer dans les locaux d’écoles primaires. D’autres ont vu le nombre de leurs étudiants multiplié par deux ou trois.
L’enseignement de la musique doit être actuellement le seul secteur dans lequel il n’y a pas de chômage. Bien au contraire, nous sommes passés en une année d’un excès à un manque de professeurs.
Afin de faire face à la demande, de nombreuses écoles ont vu leurs subventions doublées dès la première année de mise en place de ce projet. Les achats d’instruments de musique ont augmenté en proportion.
Si on additionne à cela l’exigence du ministère de l’Education d’avoir des professeurs dont les diplômes correspondent à un Master avec « profissionalização » (équivalent à une Maîtrise avec CA, donc rémunération plus élevée), nous sommes en droit de nous poser la question que tous les professeurs et directeurs d’écoles se posent : cela peut-il durer ?
En attendant, les propriétaires de magasins de musique se frottent les mains, les jeunes professeurs diplômés ont du travail dès leur sortie de l’université, même dans des classes généralement plus faibles comme le hautbois ou le basson, les jeunes vont assister aux concerts et, pour la première fois, le gouvernement vient de créer un ministère pour la culture, de quoi imaginer un futur radieux pour cette jeune génération de musiciens en herbe.


Article publié par Jean-Michel GARETTI.


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