20 mar
2010

Concert au profit des sans-abris à Détroit

Rackham Choir et ensemble dirigés par Suzanne Mallare Acton Photo: Julie McFarland

Rackham Choir et ensemble dirigés par Suzanne Mallare Acton - Photo: Julie McFarland

Dans cette période de crise économique, le nombre de sans-abris (“homeless” en anglais), augmente à Détroit comme dans bien d’autres villes et pays.

Un concert dont les revenus sont allés directement à trois organisations qui soutiennent les sans-abris a été donné le 14 mars dans une église de Détroit.

Ce concert était le point culminant d’un projet dont le point de départ était une Messe écrite par le compositeur américain Henry MOLLICONE : The Beatitude Mass (for the Homeless). Les élèves d’un lycée de la ville de Détroit ont bénéficié de plusieurs présentations destinées à leur faire prendre conscience du problème des sans-abris et de ses répercussions sur les familles et la communauté.

Cette œuvre a été écrite il y a quatre ans pour ensemble de chambre (flûte, clarinette, cor, percussion, violoncelle, contrebasse et piano), deux solistes et chœur, et c’est cette version que nous avons donnée. Le compositeur l’a réécrite ensuite pour orchestre. Depuis sa création, elle a été jouée dans de nombreuses villes et toujours au profit de la même cause.

Dans le hall de l’église, les expositions d’œuvres d’art réalisées par des anciens sans-abris ont d’abord attiré l’attention du public avant que le concert ne commence, notamment celle qui est devenue le symbole de “tout ce qui va mal à Détroit” : elle rappelle la mort d’un homme retrouvé gelé dans un bâtiment abandonné de la ville en 2009.

Le concert commença avec le témoignage émouvant d’une ancienne présentatrice de télévision, fervente activiste des droits des minorités et de la prévention du SIDA, qui durant les années noires de sa vie dut affronter les conséquences de sa dépendance à la drogue. Ses paroles ont montré que la terrible situation dans laquelle on peut se retrouver n’est pas réservée à une certaine catégorie de la population, et qu’il ne faut jamais perdre l’espoir.

Des vidéos d’interviews de gens de la rue de Détroit étaient diffusées simultanément.

Le chœur (Rackham Symphony Choir) et le chœur d’enfants (Michigan Opera Theatre Children’s Chorus) ont donné de magnifiques interprétations de diverses pièces et des poèmes ont été lus (“I saw an Homeless Man Today”, “I will Never Be Homeless”), mais c’est le “Voices of Recovery Gospel Choir”, Gerald BUTLER flûtiste et Pattie CHARLESTON leur directrice et soliste qui ont suscité une véritable ovation. Ce chœur est formé de musiciens en cours de guérison de maladies mentales ou d’abus de drogues. Il était difficile de retenir ses larmes en voyant l’un des membres du groupe furtivement en essuyer une.

La deuxième partie était donc consacrée à la Béatitude Mass. Henry MOLLICONE qui était d’ailleurs présent, est compositeur d’opéras, de musique de film, de théâtre et de ballet. Sa musique est très lyrique, accessible par tous publics et j’ai eu un tel plaisir à la jouer que j’ai déjà commandé sa pièce pour violoncelle seul !

Cette messe est née d’une discussion que le compositeur a eue avec un prêtre. William LUCE a ensuite juxtaposé au rituel en latin un texte en anglais basé sur des interviews que MOLLICONE et lui-même ont conduits dans des abris.

C’est ainsi que les Kyrie, Gloria, Benedictus et Agnus Dei alternent avec “Evelyn’s Song” (“My name is Evelyn, just call me Eve, I’m a homeless woman with no more options for tomorrow…”) ou “Adam” (“My name is Adam and I am lost between a hard place and a stone but I got plans ad I got dreams to get to heaven on my own…”).

A la fin du concert, nombreux furent ceux qui approchèrent le compositeur pour le remercier. Nul doute que le public de ce concert et ses participants auront maintenant un regard différent envers les sans-abris.


Article publié par Nadine DELEURY.


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