Un contexte particulier pour un grand concours
- Rédaction : Grèce
Ecrire depuis la Grèce aujourd’hui, pour un artiste, n’est pas chose aisée, on s’expose aux reproches.
« Comment pouvez-vous nous parler musique et concerts, alors que ce pays est en pleine tourmente économique, que les retraités, les étudiants et les fonctionnaires sont dans la rue, que ses gouvernants, tentant désespérément de tenir la Grèce hors de l’eau, rencontrent en ce moment les Grands du monde pour obtenir de nouvelles aides ? Croyez-vous, inconsciente, que les Grecs ont la tête à ça ? Qu’ils s’intéressent à ces frivolités, arts, poésie, musique ? »
Au moins en apparence, les gens raisonnables qui tiennent ce discours, les rabat-joie de tout poil, n’ont pas tort. Pourquoi, dans la Grèce en crise, l’activité artistique resterait-elle épargnée par les efforts de rigueur que la situation économique exige de tous ? La musique, ce n’est pas primordial, n’est-ce pas ? C’est une priorité de second ordre, un divertissement, une sorte de « luxe » ? Et on pourrait penser que les Grecs n’en ont plus les moyens…
Mais c’est précisément, en Grèce comme ailleurs, quand tout va mal qu’une société a le plus besoin de culture. Je ne sais pas si la musique « adoucit les mœurs » comme l’affirme le célèbre dicton, mais ce dont je suis sûre, c’est que, comme tous les autres arts, la musique est indispensable dans les moments difficiles. Les musiciens, les artistes, procurent au public les intermèdes nécessaires, ils permettent précisément aux gens de fuir un moment la tempête, de rester debout malgré les accablants soucis du quotidien. La culture, la musique ressourcent les humains en temps de crise, leur apportant du supplément d’âme.
Merci donc aux musiciens de s’accrocher à leurs partitions, d’emporter les gens sans fausses notes vers ce qui reste vrai quand tout vacille : la pureté des lignes mélodiques dont le public, resté fidèle, éprouve encore le besoin de s’imprégner le temps d’un concert.
Entrez et prenez place, mesdames et messieurs, la musique continue !
Laissant aux experts (!) le soin de disserter sur la crise financière, je choisis donc contre vents et marées de vous parler musique, et plus précisément, du 36e Grand Prix Maria Callas*, concours international organisé chaque année en Grèce, en alternance, pour le piano et le chant (opéra, oratorio – lied).
Ainsi, l’année 2010 était consacrée au piano, et le concours s’est déroulé du 4 au 14 mars.
A l’issue des trois premières épreuves qualificatives, 3 candidats, parmi les 18 participants au départ, concourraient en finale.
La finale publique a eu lieu au Megaro Moussikis, salle Triandi, ce 14 mars, et chacun a interprété un concerto, accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Iasi (Roumanie), sous la direction de Gheorghe COSTIN.
Aucun Premier Prix n’a été décerné. Tomoaki YOSHIDA (Japon) a reçu le Second Prix, et un Troisième Prix ex æquo a été attribué à Miyeon LEE (Corée du Sud) et Ivan RUDIN (Russie-Grèce).
Le jury, présidé par Vladimir KRAINEV (Russie), était composé de Armen BABAKHANYAN (Arménie), Alkis BALTAS (Grèce), Homero FRANCESCH (Suisse/Uruguay), Bernd GLEMSER (Allemagne), Pascal GODART (France), Sergio PERTICAROLI (Italie), Dimitri TOUFEXIS (Grèce), et Mikhail VOSKRESENSKIY (Russie).
*Le Grand Prix Maria Callas est organisé par le Centre International Culturel – “Athenaeum” (membre de la Fédération Mondiale des Concours Internationaux de Musique), en collaboration avec le Département Culturel de la Municipalité d’Athènes, sous l’égide du Ministère de la Culture grec.
Pour plus d’informations : www.athenaeum.com.gr [GR] [EN]
Les concours internationaux en Grèce : www.mousikos.fr/grece [FR]